Tuesday 14 January 2014

UNPOL

I just published today in Belgium the following text in French about the UN Police in peacekeeping operations:

LES OFFICIERS DE POLICE DES NATIONS UNIES (UNPOL), DE PLUS EN PLUS DEMANDES
Victor Angelo *

Quand on entend parler des « bérets bleus » de l´ONU, on pense tout de suite aux contingents militaires que l´on trouve déployés dans plusieurs pays. En effet, pour le citoyen européen l´image du maintien de la paix est avant tout associé à des soldats en patrouille dans des véhicules marqués avec les lettres UN. Je dirais que même nos politiciens ont tendance à réduire le maintien de la paix à ce cliché. Or, il y a une autre catégorie de personnel qui s´habille aussi en uniforme et porte le béret bleu : les officiers de Police des Nations Unies, connus actuellement sous la désignation d´UNPOL.

Il est vrai qu´il y a beaucoup plus de militaires dans l´ensemble des opérations de paix qui sont actuellement sur le terrain: on compte au sein des 16 missions en cours un peu plus de 83 000 soldats en comparaison avec 13 000 policiers. Les états membres de l´ONU trouvent plus facilement des contingents militaires « disponibles pour déploiement » que des agents de police.

Cependant, on a connu ces dernières années une progression assez significative du nombre de policiers des Nations Unies. La croissance de la demande en conseillers et observateurs de police et en unités formées de policiers (groupements du type « gendarmerie ») s´explique par l´arrivée d´une nouvelle génération de mandats des missions de paix de l´ONU et aussi par des changements au niveau des types de menaces sécuritaires.

Depuis quelques années,  le Conseil de Sécurité a décidé de mettre davantage l´accent sur des questions institutionnelles et de reconstruction de l´administration de l´État. Par la suite, nous avons assisté à l´approbation de mandats qui sont inspirés par la préoccupation de résoudre les causes profondes d´instabilité dans les pays qui ont vécu des crises nationales profondes. Cela comprend des réformes du secteur de la justice et de la sécurité des citoyens. Et dans ce contexte, l´expertise que les conseillers de police des Nations Unies peuvent apporter est très appréciée. Ainsi, il y a de plus en plus d´histoires de succès de réforme des forces nationales de police qui sont directement liées au travail de l´UNPOL.

Il a fallu aussi répondre aux changements de circonstances. Les défis sécuritaires auxquels il faut faire face aujourd´hui exigent souvent une réponse qu´on trouve dans le rayon des compétences des services de police. Répondre à ces menaces avec des forces militaires s´est avéré – même s´il a fallu du temps pour le comprendre et si pour certains cela n´est pas encore tout à fait évident – trop cher et, avant tout, peu efficace. Le banditisme violent, les organisations criminelles transnationales, les réseaux terroristes, le renforcement de la sécurité interne, le maintien de l´ordre public face à des manifestations de masse à tendance radicale, le renseignement, enfin, toutes ces dimensions requièrent le renforcement des capacités nationales de police. Les conseils dispensés par les policiers en béret bleu sont essentiels pour remettre sur pied des capacités qui ont été souvent détruites suite aux conflits dans les pays en crise. À cela s´ajoutent les préoccupations relatives à la protection des populations civiles vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, des déplacés internes et des réfugiés. De plus en plus, la protection de ces populations demande une intervention coordonnée entre les militaires et les policiers et un rééquilibrage des rôles joués par les uns et les autres.

La Division de Police des Nations Unies, qui fait partie du Département des Opérations du Maintien de la Paix, et qui dirige le travail des UNPOLs sur le terrain, s´est beaucoup renforcée depuis quelques années, pour répondre aux nouvelles tâches. Elle est actuellement, à mon avis, parmi les services les plus performants de l´ONU. Mais il y a encore du pain sur la planche.  Un des objectifs est d´augmenter le pourcentage de femmes au service des missions UNPOL. Actuellement, le nombre d´agents féminins ne dépasse guère les 10%. L´intention est d´arriver dans les prochaines années à 20%. Entretemps, il faut noter que pour la première fois un détachement UNPOL –celui au Darfour dans le cadre de l´UNAMID, qui est composé de 5 000 agents de Police des Nations Unies – est commandé par une femme.

 Outre le défi du gendre, il faudra augmenter la participation des pays développés dans les activités UNPOL. Le commandant général d´UNPOL, qu´on désigne comme « UN Police Adviser »,  est un officier venu de la police allemande. Mais la contribution des états européens reste étonnamment faible. L´Allemagne, le pays d´origine du Police Adviser, n´a que 15 officiers détachés dans toutes les missions des Nations Unies. La France est le plus grand contributeur parmi les états membres de l´UE, ce qui n´est pas surprenant en tenant compte des missions de l´ONU en Côte d´Ivoire et au Mali. L´apport français reste modeste malgré tout: 52 policiers et gendarmes. En tout cas, c´est plus que les Pays-Bas (21), la Suède (31) et surtout que la Belgique qui, selon les données disponibles, n´a qu’un seul policier en détachement aux Nations Unies. Au fait, même la « neutre » Suisse fait mieux : 6. Cela devrait nous interpeller.    


*Ancien Représentant spécial du Secrétaire-général de l´ONU (DPKO) ; 32 ans de service aux Nations Unies. 

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